Dans le cadre de notre projet Ursino, nous vous invitons chaque mois à découvrir une recette traditionnelle partagée par un chef, une célébrité ou un.e anonyme.
Découvrir un plat, son histoire, comment il est consommé ou encore les souvenirs qui y sont rattachés, c’est précisément ce que font nos élèves tout autour du monde. Sur cette base, ils mènent des recherches pour découvrir l’origine des plats et de leurs ingrédients.
L’objectif : qu’ils découvrent par eux-mêmes que nos cultures, notamment culinaires, se sont de tous temps enrichies de la diversité et des rencontres entre les peuples.
Aujourd’hui, nous avons à cœur de vous présenter un homme charmant et généreux, qui s’est battu pour faire vivre le breton groisillon (le parler de l’île de Groix).
En février, cela fera un an qu’il nous aura quitté et nous tenions à saluer sa mémoire et ses talents culinaires ! Une fois n’est pas coutume, nous ne vous partageons donc pas une de nos vidéos mais celle de José Calloch, qui a ramené au goût du jour les délices de l’île de Groix.
Ce monsieur nous dévoile les secrets du Kouign-pod, un plat breton très ancien mais qui se fait encore beaucoup sur l’île de Groix.
Décrivez-nous le Kouign-pod !
« C’est de la pâte avec du beurre et du sucre que l’on fait cuire dans de l’eau. Avant on l’enveloppait dans une feuille de chou et on le mettait à cuire avec le pot-au-feu. Il est mangé en dessert.
« Kouign » signifie gâteau, mais en vannetais le « k » se prononce « ch ». Et « Pod » c’est le pot. Il s’agit d’une pâte lourde comme une pâte à pain, faite avec de la farine, des œufs et de la crème. On met dessus du sucre melen (jaune en breton). C’est un sucre plus brunâtre, qui a plus de goût, un peu comme la vergeoise. On met également ensuite des morceaux de beurre et on replie la pâte par dessus. On met le tout dans un torchon noué et on le met à bouillir dans de l’eau avec du gros sel.
Une fois cuit, on le coupe en tranches et on le mange comme ça, en l’arrosant du jus sucré qui s’en échappe.
Le lendemain, on peut aussi le passer à la poêle : on fait revenir les tranches dans du beurre en ajoutant dessus le sucre qu’on aura gratté au fond du plat. »
Qui préparait ce plat ?
Comment cette recette vous a-t-elle été transmise ?
« J’ai connu ce plat, gamin, auprès de mon père, quand j’avais 6 ans. Dès l’âge de 10 ans, j’ai commencé à le faire tout seul quand il partait en mer puisqu’il était marin sur les chalutiers. J’ai appris tout simplement en le voyant faire ! »
Ce plat vous semble-t-il plutôt ancien ou récent ? Est-il en train de disparaître ? À quel territoire pensez-vous qu’il soit rattaché ?
« C’est un plat très ancien ! Il se fait encore beaucoup à Groix ! »
Avez-vous connaissance d’autres variantes de ce plat ?
Comment et quand ce plat est-il consommé en général ?
« C’est un petit plat à la va-vite ! qui se mange par exemple au dessert ou au goûter »
Existe-t-il des « rituels » de consommation de ce plat ?
« Le Kouign-pod se mange avec des couverts parce qu’il est plein de jus sucré. On le mange tout chaud. »
Que vous évoque ce plat ? Avez-vous des souvenirs particuliers qui y sont liés ?
LA RECETTE DU KOUIGN-POD
Ingrédients :
- 400g de farine
- 15 cuillères à soupe de sucre « jaune »
- 1 œuf
- Du beurre salé
- 50cl de crème fraîche
- Du sel pour l’eau bouillante
Étapes :
- Dans un saladier, verser la farine, faire un puit et y casser l’œuf, commencer à mélanger à la cuillère
- Ajouter la crème petit à petit en mélangeant avec la cuillère
- Verser sur la table et terminer à la main. Bien malaxer jusqu’à obtenir une pâte homogène. Ecraser en une pâte épaisse
- Ajouter le sucre roux (pas sur les bords)
- Couper des morceaux de beurre et les disposer sur le sucre
- Plier la pâte sur les bords longs d’abord pour bien recouvrir le sucre et le beurre, puis les bords larges. Il faut que ce soit bien fermé !
- Placer le tout dans un torchon propre et le nouer fermement… avec un nœud marin pour les vrais de vrais !
- Cuire dans une casserole d’eau bouillante avec du gros sel pendant environ 45min
- Servir dans une assiette, coupé en lamelles et déguster, de préférence chaud, en arrosant du sirop qui coule dans le plat