J’ai tellement de choses à vous raconter !

Tout d’abord, j’apprends tous les jours un peu plus à être une meilleure institutrice, et ici plus qu’ailleurs. Je suppose que la raison principale est que je ne travaille pas dans une école, et donc que je ne peux pas m’appuyer sur l’instit pour faire la partie un peu moins fun du travail : faire travailler les enfants en silence. 

Ce que nous faisons est amusant et interactif donc ce n’est pas trop difficile de les intéresser, mais les faire travailler sérieusement et calmement, c’est une toute autre affaire! J’ai donc inventé des petites idées amusantes pour les calmer quand j’en ai besoin, come leur dire « Essayez d’attraper les étoiles ! » (avec les deux mains) ou désigner des responsables de groupe dont le rôle est de faire gagner à l’équipe des petites étoiles en papier s’ils se portent bien. Je n’arrive pas à croire que je n’aie pas fait ça plus tôt. Je suppose que l’esprit humain ne s’adapte que quand c’est réellement indispensable et j’en étais arrivée au point où nous n’allions pas pouvoir travailler si je ne m’adaptais pas. J’ai aussi de supers bénévoles qui m’aident en classe et ça, c’est top !

Je me suis aussi rendue compte qu’en rendant les choses amusantes plutôt qu’en punissant (évidemment), je suis devenue plus proche de mes élèves. Maintenant ils viennent me faire des câlins, caressent mes cheveux, veulent être pris en photo avec moi. J’adore !

Le travail ici est très intéressant. Une des choses que j’aime dans le fait de donner aux enfants la liberté d’écrire eux-même les histoires est qu’ils ont tendance à insérer des choses qu’ils ont du mal à comprendre. En Australie, les enfants voulaient parler dans une des histoires du fait que « le drapeau australien a été brûlé par des Aborigènes pendant la fête nationale » et ici les enfants ont dit que « Noluntu aime Senzo, mais Senzo aime Jason. Senzo est un garçon et Jason est un garçon« . C’est vraiment fascinant de voir comment les enfants perçoivent des sujets tellement complexes.

La session d’aujourd’hui a été annulée à cause de protestations violentes à Khayelitsha, le township où je travaille. Il semblerait que des personnes soient en train de brûler des bus et des trains là-bas. C’est triste que les enfants doivent grandir dans un environnement si violent. Espérons que les choses reviennent à la normale rapidement !